L’essence d’un grand musicien

Saltas Por Algo
a été probablement un laboratoire de composition très intéressant pour Jorge
Abadías. Une grande partie du répertoire de ce groupe était à lui, qu’il
partageait avec des illustres compagnons de formation en Musikene, comme Hasier
Oleaga ou la portugaise Luisa Brito. Déjà on pouvait deviner l’essence d’un
grand musicien, peut être exprimé d’une façon plus théorique et cérébrale que
dans ce premier disque à son nom.

Au
cours d’un procès de simplification très au point, sans doute Nevermind
Trio a terminé postérieurement de libérer sa voix, en élargissant son
champs de vision et en donnant des ailes à sa créativité.

Tel
qu’il correspond à un jeune musicien, Abadías ne cache pas ses sources
d’inspiration, les unes très évidentes -Pat Metheny ou Kurt Rosenwinkel, totems
absolus de toute une génération de guitaristes de jazz- les autres plus
esquives -Jordi Bonell, Dani Pérez ou John Scofield. Mais, au cours des
successives comparatives, il s’en tire à merveille avec un discours harmonieux
riche et une graphie propre.

A ses
côtés, Miguel Fernández mène la session avec un son moderne,
obscure et plein d’expressivité. Tous les deux partagent une esthétique très
proche en ce qui concerne le jazz de nos jours et démontrent une grande
complicité dans la manière de rapprocher et entrecroiser leurs voix. Marcos
Sánchez (piano et clavier), Javier Callen
(contrebasse) et Fran Gazol (batteur) remplissent son rôle
avec solvabilité pour arrondir une œuvre sans à peine fissures.

 

Albisteak